La mort de Kodak racontée par un ex-directeur France 🪦
Vous souvenez vous de Kodak ? Ce géant américain de la photographie où fût un temps chez qui nous nous rendions, dans l'un de ses nombreux magasins, pour y imprimer nos clichés sur pellicule.
Vint la révolution numérique offrant de nouvelles perspectives de communication et d'échanges de photos dématérialisées, de nouveaux supports tel que l'appareil photo numérique.
Progressivement, l'entreprise disparut de notre champ de vision. Comment expliquer le déclin de cette multinationale ?
Guy Bourreau, ex-directeur France de Kodak, a accepté de m'accorder une interview à ce sujet :
"Une des raisons pour lesquelles Kodak a eu une difficulté à aborder la révolution numérique sur ses produits c’est le fait que Kodak n’a pas su marier les 2 mondes, celui de l’argentique et celui du numérique en permettant que le monde de l’argentique accompagne cette évolution.
Kodak n’était pas seul dans ce bateau.
Tous les fabricants de produits argentiques gagnaient des sommes considérables avec cette activité et ne voyaient le passage au numérique comme une opportunité de création de valeur.
Par contre, toutes les entreprises étaient convaincues que c’était la direction dans laquelle l’industrie allait.Les fabricants d’appareils photos eux n’y voyaient que des avantages car ils vendaient des appareils plus chers, intégrant plus de technologies et donc les fabricants d’appareils photos étaient à fond sur cette stratégie vers le numérique.
Par contre les fabricants de films et de papier et de chimie qui faisaient la chaîne argentique, ce n’est pas qu’ils n’y croyaient pas c’est qu’ils essayaient de ralentir le processus, au maximum.
Sauf qu’une disruption de cette importance, ça ne se ralentit pas. C’est impossible.
Quand un marché bascule, il bascule extrêmement vite et toutes les tentatives ont été faites pour ralentir cela y compris par la création de produit comme l’Advanced Photo System (APS). Ce format qui avait été développé par Kodak, Fujifilm, Agfa, Konica pour essayer d’offrir de la nouveauté n’a pas connu de succès ou un succès très court. Je dirai que toutes ces tentatives se sont finalement avérées assez vaines.
La logique c’était plutôt d’aller à fond dans cette direction là quitte à faire accepter que la rentabilité globale de l’entreprise s’en trouve affectée pendant un certain temps mais en dégageant les volumes nécessaires, après, dans le domaine du numérique pour finalement arriver à gagner de l’argent. Ce qu’ont fait, d’ailleurs, tous les fabricants d’appareils photos numériques qui ont réussi à dégager ensuite de la rentabilité de leurs opérations parce qu’il y avait des volumes.
Mais pour qu’il y ait des volumes, il fallait qu’il y ait une stratégie agressive et de croissance en termes d’innovation et de mise sur le marché de produits. Kodak avait développé toutes les technologies pour le faire, ça a vraiment été une question de volonté marketing et stratégique d’y aller.
Il n’y avait pas cette volonté."